Dans mon dernier blogue, je vous ai parlé de taux de roulement en long et en large (Le taux de roulement : la vérité, toute la vérité, rien que la vérité). Je vous dirais que ce fût un de mes billets les plus lus (avec son petit cousin : Le roulement de personnel, ça coûte combien?). Je vous disais que l’analyse du taux de roulement peut vous en dire long sur vos initiatives RH. Surtout s’il est couplé avec d’autres sources de données telles que les entrevues de départs et surtout si vous êtes en mesure de bien le segmenter.
Petit récapitulatif, le taux roulement mesure le pourcentage d’employés ayant quitté (volontairement ou involontairement) l’organisation durant la période étudiée. Il est souvent confondu avec le taux de rétention qui lui mesure le pourcentage de la main-d’œuvre qui travaille toujours pour l’organisation. Quand on lit les deux définitions, on serait porté à calculer le taux de rétention comme l’inverse du taux de roulement (1 – taux de roulement). Eh bien non! Ne faites pas cette erreur!
Le taux de rétention fournit une indication sur votre capacité à retenir votre main d’œuvre. Fondamentalement, ceci inclut les recrues (les nouvelles embauches), car bien entendu vous voulez autant retenir vos nouveaux que vos anciens employés. Voici la formule standard pour le calcul du taux de rétention :
L’éventail des résultats possibles pour le taux de rétention
Le taux de rétention peut avoir une valeur qui se situe entre 0 % et 100 %.
- Un taux de rétention de 100 % : l’organisation a réussi à retenir tous ses employés (ainsi que tous les nouveaux employés) et ce, depuis le début de la période étudiée. En fait, il n’y a eu aucun départ.
- Un taux de rétention de 0 % : l’organisation a remercié tous ses employés ainsi que toutes les nouvelles embauches qu’elle avait faites durant la période. Autrement dit, l’organisation a cessé ses activités.
Mais à quoi cela sert-il?
Le taux de rétention mesure le pourcentage d’employés qui travaille toujours pour l’organisation à la fin de la période étudiée (le pourcentage de ceux qui n’ont pas quitté). On pourrait aussi l’interpréter comme la probabilité qu’un employé soit toujours à l’emploi de l’organisation à la fin de l’année. On pourrait même dire qu’avec un taux de rétention de 90 %, on a 9 chances sur 10 qu’un employé travaille toujours avec nous à la fin de l’année.
La segmentation, encore la segmentation!
Comme pour le taux de roulement, la vraie valeur du calcul de votre taux de rétention se retrouvera dans la segmentation que vous en ferez. Segmentation surtout dans votre population d’employés (haut potentiel, haut performant, recrue, génération, postes critiques, postes clés et j’en passe). Lorsque l’on calcule le taux de rétention pour un segment de notre population en particulier (par exemple, pour les hauts potentiels), l’idéal est d’arriver à retenir tous les employés. Donc, d’obtenir un taux de rétention de 100 % (ceci devrait être votre objectif).
On pourrait aussi vouloir mesurer le taux de rétention d’une cohorte d’employés en particulier, par exemple, les employés assimilés lors d’une fusion ou encore les employés embauchés via un projet pilote avec des universités. Ces groupes ont en commun un élément temporel, les employés qui les composent sont tous arrivés en même temps. De plus, ce sont des groupes fermés, car il n’y aura pas de nouvelles embauches pour ces groupes. Le taux de rétention devrait alors débuter à 100 % et diminuer d’année en année pour peut-être atteindre un jour : 0 %.
Pourquoi votre haute direction devrait-elle s’en soucier?
Les employés (capital humain) sont les principaux générateurs de valeur dans une organisation (en tout cas, c’est ce que pense). Les employés sont un actif important de l’organisation (eh oui, un actif n’en déplaise à plusieurs). En plus, c’est un actif qui agit sur tous les autres actifs de l’organisation (financiers, biens mobiliers et immobiliers, relations, savoir), et ce, au bénéfice de l’organisation.
Je veux ici ouvrir une petite parenthèse sur l’utilisation des termes « capital humain » et « actif » pour décrire les employés. Plusieurs me diront que c’est péjoratif d’inclure les humains dans l’actif d’une organisation et c’est là que je leur réponds (mon petit texte, je le connais par cœur) :
« C’est à deux économistes américains du milieu du XXe siècle, Theodore W. Schultz et Gary S. Becker, tous deux prix Nobel d’économie, que nous devons l’expression de capital humain. Le capital humain représente ce que possède chaque être humain : sa force physique et ses capacités intellectuelles. Ces deux économistes ont démontré que la croissance d’une économie développée est largement due à la croissance de son capital humain, croissance obtenue grâce à des investissements importants des individus dans leur éducation et leur santé. On a ensuite transposé la notion de capital humain à l’entreprise. C’est ce qui permet de faire contrepoids au capital financier des entreprises. Le capital financier est l’ensemble des actifs tangibles de l’entreprise. Tandis que le capital humain se retrouve au niveau de l’intangible. Dans les intangibles, on a le capital intellectuel qui se retrouve sous trois rubriques : le capital structurel, le capital clientèle et le capital humain. Le premier couvre les logiciels, bases de données, brevets et marques de commerce (ceci appartient à l’organisation). Le second (capital clientèle) désigne le tissu de relations que l’organisation a développé et entretient avec ses clients (ceci appartient aussi à l’organisation). Le troisième est l’ensemble des connaissances, compétences, aptitudes, attitudes, capacités détenues par le personnel. Malheureusement pour l’organisation, ce capital ne lui appartient pas. Mais il est du ressort de cette dernière si elle veut demeurer compétitive de l’attirer, de le mobiliser et de le conserver à l’intérieur de son organisation. Voilà! Il n’y a rien de péjoratif à utiliser le terme Capital Humain, au contraire, il vient plutôt bonifier l’importance de l’être humain dans l’organisation. » On peut maintenant fermer la parenthèse.
Donc, si on revient la rétention, cela veut dire que l’incapacité de retenir le capital humain peut fortement mettre à risque la capacité de l’organisation à atteindre ses objectifs stratégiques et à poursuivre sa mission. Le taux de rétention donne donc une certaine visibilité sur la performance de l’organisation sur sa capacité de retenir les talents. C’est dans notre capacité de rétention que nous sommes en mesure de valider toutes nos initiatives de développement et de déploiement du talent. Sans rétention, ces initiatives ne valent rien.
Pour conclure, il y a deux indicateurs qui sont à votre disposition pour mesurer si vos employés quittent (ou restent) soit le taux de roulement et le taux de rétention. Comme il a été dit dans mon billet précédent : le taux de roulement est le meilleur indicateur pour mettre l’accent sur l’impact financier de la perte d’employés. Tandis qu’avec le taux de rétention, nous pouvons nous concentrer sur l’importance de garder nos employés, surtout ceux qui sont dans des rôles critiques ou ceux qui performent bien au-dessus de la moyenne. Cependant, lorsque votre taux de rétention se met à chuter, il faut alors revenir au taux de roulement ainsi qu’aux analyses de causes de départ pour être en mesure de recentrer vos initiatives et programmes RH.
N’oubliez surtout pas que le taux de rétention n’est pas l’inverse du taux de roulement (même si cela pourrait vous sembler logique). Nous mesurons deux choses bien différentes : avec le taux de rétention, nous mesurons si les employés restent. Avec le taux de roulement, nous mesurons à quel rythme ils quittent.
Voilà! C’est tout! Qu’est-ce que vous en dites? Êtes-vous prêt à calculer le taux de rétention de votre organisation? N’hésitez pas à m’interpeler si quelque chose ne vous semble pas clair!
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Ping : Après le taux de roulement vient le taux...
bonjour, par hasard avez-vous un indice du taux de retention dans l’industrie de la restauration ?
Bonjour Rodrigo,
Je n’ai pas de statistique seulement pour la restauration. Dans notre initiative de benchmarking, la restauration est regroupée avec le commerce de détail et l’hôtellerie. Le taux de roulement volontaire au 30 septembre 2016 était autour de 9.3 % pour deux trimestres (ce qui équivaut à 18.6 % annuel). Le taux de roulement involontaire quant à lui était à 12,1 % (soit près de 24,2 %). Le taux de roulement involontaire est beaucoup plus élevé à cause de la période estivale qui s’est terminée (plusieurs étudiants sont retournés aux études). Nous nous attendons à ce que ce le roulement involontaire soit en baisse au prochain trimestre. Maintenant, pour ce qui est du taux de rétention des nouveaux (par nouveau, nous entendons les employés avec moins d’un an d’ancienneté dans l’organisation), il est à 78,4 %. À noter que ces benchmarks sont pour le Québec. J’espère que cela peut vous aider. Si vous avez des questions, n’hésitez surtout pas!